mercredi 18 janvier 2017

zouip/paf




"Alors"
Il s'est assis, m'a regardé. Il s'est relevé, m'a reregardé. Il s'est rassit, il a regardé le fil qui pendait de mon col dont il venait d'arracher le bouton doré et frappé d'une ancre.
"Alors, vous écrivez très mal aujourd'hui, qu'est-ce qui vous arrive ?"
Je savais qu'il me regardait fixement, décoré de son horrible sourire bienveillant, mon regard s'est mis à balayer le sols poussiereux à la recherche de mon bouton. 
Il a reculé sa chaise tout en restant assis, s'est penché en avant, a roulé sous la table, et a tenté de croiser mon regard. J'avais été plus rapide que lui, je cherchais maintenant mon bouton au plafond
Il s'est relevé en projetant la table en l'air et a fait basculer ma chaise, j'ai dirigé ma chute de manière à tomber face la première sur le béton ciré, j'ai cherché mon bouton dans la petite vingtaine de centimètres carrés de poussière et de sang qui constituaient mon nouveau panorama.
C'était beau, on aurait dit les moutons de panurges dans la mer rouge, j'ai un peu rigolé avant de repenser à mon bouton.
Il est descendu à l'étage inférieur et a entrepris d'en défoncer le plafond à coup de burin, quand il a percé le sol sur lequel j'admirais le paysage, ma mer rouge a coulé sur son front et l'a forcé à fermer les yeux. Je me suis décalé de quelques centimètres mais j'ai été très déçu par le nouveau paysage. il y avait moins de moutons, presque pas de sang, et un bouton doré grossièrement décoré d'une ancre dessinée de manière assez stéréotypée, très éloignée de la réalité de la construction navale du 21è siècle.
J'ai commencé à ramper sur le sol en me débarrassant de mes liens, puis, une fois libéré, j'ai continué à ramper parce que je n'avais pas envie de marcher. J'ai essayé de marcher avec ma langue mais le sol avait goût de sang et de poussière et de béton et de semelle de fonctionnaire et aussi un peu de cannelle. j'ai craché en faisant la grimace de dégoût la plus expressive possible, puis j'ai essayé de marcher avec mes paupières. ça a très bien marché, je suis sorti en trombe de la pièce, puis de l'étage, puis du bâtiment et je suis rentré chez moi.
c'était décidé, jamais plus je n'irais à Leroy Merlin.
  [o]  <====== rampes ta souris jusque là et cliques

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